Vers une nouvelle ère éducative
Dans un monde où l’intelligence artificielle (IA) bouleverse nos paradigmes, l’apprentissage se trouve à l’intersection de la technologie et de l’humanité. Les compétences techniques ne sont plus l’apanage de l’individu isolé ; elles s’inscrivent désormais dans une dynamique collective. La personnalisation de la formation, jadis perçue comme une réponse aux besoins individuels, se heurte aujourd’hui à la limite de l’individualisme. L’adaptive learning, propulsé par des algorithmes sophistiqués, promet une formation sur mesure, mais à quel prix ? La crainte de voir les apprenants enfermés dans des bulles algorithmiques est réelle, car les compétences transversales telles que la créativité, la coopération et l’esprit critique ne s’épanouissent qu’au contact des autres.
L’IA générative, en tant qu’outil démocratisé, remet en question les méthodes d’évaluation traditionnelles. L’ère de la restitution des savoirs par la mémoire est révolue. Désormais, il s’agit de préparer les citoyens à un monde où l’IA est omniprésente. L’évaluation doit transcender le simple livrable pour embrasser les ‘3P’ : le Produit, le Processus et la Personne. Cette approche holistique permet de mesurer non seulement le résultat, mais aussi le cheminement intellectuel et l’évolution personnelle de l’apprenant.
Le mentorat émerge comme un pilier essentiel de l’expérience étudiante, surtout dans le sillage de la pandémie de Covid-19. Alors que les interactions informelles se raréfient derrière les écrans, le mentorat offre une richesse d’échanges et une capacité d’action accrue. Pour les mentorés, les mentors et les équipes pédagogiques, le mentorat représente une valeur ajoutée indéniable. Il s’agit désormais de démontrer son impact scientifique et macroéconomique, afin de valider son rôle central dans l’apprentissage des compétences transverses.
Le Mentorat : une vocation accessible à tous
Le mentorat, souvent perçu comme une vocation, se révèle être une mission à la portée de tous ceux qui en ont le désir. Ce n’est pas tant l’excellence académique qui définit un mentor, mais plutôt sa volonté de partager son expérience et d’accompagner un étudiant dans son parcours. L’empathie et l’écoute sont les piliers qui soutiennent le profil idéal du mentor. Chacun peut endosser ce rôle, à condition de trouver l’harmonie parfaite avec le mentoré.
La supervision des mentors est essentielle pour maintenir l’efficacité du mentorat sur le long terme. Il ne s’agit ni de laisser le mentor sans suivi pendant des mois, ni de lui dicter chaque étape. Le mentor n’est pas un enseignant axé sur les compétences techniques ; il est là pour guider sans imposer, pour offrir un espace de liberté où le mentoré peut diriger la conversation. La confidentialité et la capacité de digression sont cruciales pour une relation de mentorat fructueuse.
Les mentors eux-mêmes bénéficient d’une prise de conscience des compétences acquises au fil des sessions. Cette réflexion sur l’expérience vécue n’est pas instinctive, mais elle est essentielle pour comprendre et tirer des enseignements durables. Le mentorat ne se limite pas à coexister ; il vise à construire ensemble, à enrichir mutuellement les vies des participants.
Essaim et la révolution du Mentorat : au-delà des Soft Skills
Le projet Essaim se positionne au cœur de la révolution du mentorat, remettant en question la notion même de soft skills. Loin de se limiter à des traits de personnalité, Essaim cherche à comprendre les capacités humaines qui permettent d’adopter des comportements adéquats en fonction des besoins. La créativité, par exemple, n’est pas une compétence en soi, mais un comportement qui doit être régulé. Essaim s’éloigne des référentiels traditionnels pour proposer un modèle de développement durable des compétences, axé sur les capacités socio-cognitives.
Le mentorat, dans ce contexte, devient un vecteur de développement personnel et professionnel. Il crée une relation horizontale où le mentor, motivé par le désir de transmettre et par les émotions positives que cela engendre, joue un rôle clé. L’explicitation de l’expérience vécue est au cœur de la démarche d’Essaim, permettant de décortiquer les échanges pour en tirer des enseignements profonds.
Essaim et Constel Education utilisent l’intelligence artificielle générative (IAG) pour faciliter l’explicitation dans un temps réduit, transformant la technologie en un outil de maïeutique. Le développement des soft skills ne passe plus par de nouveaux ateliers, mais par la création d’espaces réflexifs où apprenants et pédagogues prennent le temps de décomposer et d’assimiler ce qu’ils ont appris.
La transformation des dispositifs de formation est imminente, où la transmission de l’information cède la place à l’appropriation du savoir. Les pédagogues ne sont plus des transmetteurs, mais des facilitateurs qui fournissent les outils nécessaires à l’appropriation des connaissances. L’apprentissage ne réside pas dans l’expérience elle-même, mais dans la réflexion qui en découle. Des activités pédagogiques telles que la classe inversée et la mise en situation de controverse stimulent et développent les soft skills, en particulier la pensée critique, qui est au cœur de l’apprentissage.
Le jeu Complot Philo, développé dans le cadre d’Essaim, illustre parfaitement cette approche. En incarnant des philosophes et leurs détracteurs, les participants sont plongés dans le développement de la pensée critique, une compétence essentielle pour apprendre à partir de ses expériences.
Un article rédigé sur la base des échanges en webinaire entre :
- Alexandre Beaussier, directeur de l’innovation chez Humans Matter et directeur d’Essaim
- Paul Cartier, CEO de Constel Education
- Yannig Raffenel, Fondateur d’EdTech France et du Learning Show
Un webinaire qui a été organisé en collaboration avec EdTech Grand Ouest.